La SÉMANTIQUE GÉNÉRALE d’Alfred Korzybski

C’est une logique de pensée non aristotélicienne, élaborée par Alfred Korzybski après qu’il eut pris conscience, au cours de la Première Guerre mondiale, que les mécanismes de pensée qui avaient provoqué cette guerre reposaient sur les postulats de la logique d’Aristote (principe d’identité, de contradiction et du tiers-exclu), [1] maintenant l’Occident mentalement emprisonné dans une logique du conflit.

Il formula alors une nouvelle logique, (non aristotélicienne), basée sur de nouveaux postulats correspondant à l’évolution scientifique du XXe siècle, la physique quantique et la théorie de la relativité d’Einstein. Korzybski en expose les principes, principalement dans son ouvrage majeur Science and Sanity, an Introduction to Non-Aristotelian Systems and General Semantics, dont la première édition paraît en 1934.

La sémantique générale dépasse le cadre de la seule sémantique (étude de la signification des termes du vocabulaire et des modifications qu’elle peut subir). Korzybski avait pour objectif de doter l’humanité d’une logique correspondant au niveau d’évolution scientifique de son époque, permettant de résoudre plus efficacement les problèmes humains qu’au moyen des logiques précédentes d’Aristote et Descartes et des physiques aristotélicienne et newtonienne élaborées durant l’Antiquité et au XVIIe siècle. Il considère qu’elles sont dépassées au XXe siècle et inopérantes pour appréhender et traiter les problèmes du monde moderne. Korzybski l’appliqua en psychiatrie et Henri Laborit en biologie (théorie de l’inhibition de l’action) et agressologie (étude des réactions des organismes vivants en condition d’agression).

Prémisses de la Sémantique Générale :

Les prémisses du système non-aristotélicien peuvent être exprimées par la simple analogie de la relation d’une carte avec le territoire :

1) Une carte n’est pas le territoire
2) Une carte ne représente pas tout le territoire.
3) Une carte est autoréflexive, en ce sens qu’une carte ‘idéale’ devrait inclure une carte de la carte, etc… indéfiniment.

Appliquées à la vie courante et au langage, les prémisses s’expriment ainsi :

1) Un mot n’est pas ce qu’il représente.
2)Un mot ne représente pas tous les ‘faits’, etc.
3) Le langage est autoréflexif, en ce sens que nous pouvons, dans le langage, parler à propos du langage.

Note :

 [1] Le tiers exclu dans la logique d’Aristote : il y a être, ou non-être, pas de demi-être. La version logique affirme que toute proposition est nécessairement vraie ou fausse, sans valeur intermédiaire possible.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *